Terminus Auschwitz ~ Avis

Bonjour à toutes et tous ! Aujourd'hui je reviens avec un livre abordant un sujet plutôt lourd, et justement, j'ai longtemps hésité avant d'en parler parce que j'avais surtout peur des possibles maladresses que je pourrais faire. En effet, je vous présente Terminus Auschwitz de Eddy de Wind aux éditions J'ai Lu. Ce roman a un thème qui n'est absolument pas facile à aborder et qui pourtant me semble nécessaire : celui de la Shoah, la déportation des Juifs dans les camps de concentration et extermination durant la Seconde Guerre Mondiale. Je fais partie des gens qui sont sidérés par cette période de l'histoire, et je suis tellement sidérée que je ne parviens pas à me dire que c'est vrai, de fait, je suis une grande "consommatrice" des romans en rapport avec cette période là. Je suis aussi une grande admiratrice de toutes les survivantes et survivants, dont je considère le témoignage comme précieux. Nous devons écouter ces témoignages, aussi dures à entendre soient-ils, et nous devons nous charger de la poursuite du devoir de mémoire que ceux qui vivent encore continuent de perpétuer. 

Disclaimer : Je m'excuse par avance si certains de mes propos peuvent être maladroits, je ne cherche à blesser personne et encore moins à glorifier les actes perpétrer autant par la France que par l'Allemagne durant cette guerre. 

Eddy de Wind, né en 1916 aux Pays-Bas, est déporté à Auschwitz en 1943, alors qu'il exerce comme médecin et psychiatre. Il y arrive avec sa femme, épousée dans le camp de Westerbork et se retrouve dans un premier temps en quarantaine. Il apprend vite les codes du camps, et parvient à se porter volontaire pour intégrer les blocks d'infirmerie et d'hôpitaux. Tandis que lui est affecté au bloc 9, celui du Docteur Mengele, sa femme, Friedel est prisonnière du baraquement voisin, avec un grand nombre d'autres femmes. Sur elles seront menées des expériences abominables, notamment de stérilisation. Ils parviennent toutefois à s'entraider, et font tout pour survivre l'un comme l'autre, tout en frôlant parfois la mort, comme cela était possible dans le camp. En 1944, les marches de la mort débutent dans un ultime effort de la part des Allemands pour continuer d'exterminer tout ne ne laissant aucune trace : Friedel décide de partir car elle voit cette dernière marche comme son salut, tandis qu'Eddy reste, convaincu que cette marche ne conduira qu'à la mort. Il se cache, soigne ceux qui restent avec lui comme il peut, et prend le temps d'écrire tout son témoignage. Il parviendra à le rédiger intégralement avant l'arrivée des Alliés, avant son rapatriement aux Pays-Bas. Une seule question toutefois reste en suspense : dans quel état rentre-t-il de cet enfer ? 

Le récit commence doucement, retraçant "tranquillement" le début d'une déportation sans grande violence et d'une vie presque normale dans le camp de Westerbork, camp de rassemblement et de transfert des Pays-Bas. Ca permet de se mettre un petit peu dans le bain, on rencontre Eddy et sa femme et on entrevoie le combat qu'il mène déjà dans ce camp, avec une morale absente, se battant déjà pour survivre. Lorsque commence le transport vers Auschwitz, une rupture totale se crée, puisqu'en lecteur plutôt averti tout de même sur cette période, on voit déjà la catastrophe arrivée, et c'est d'autant plus pénible puisqu'on reste spectateur des réactions et des pensées éparses d'Eddy. En effet, c'est un récit qui se veut avant tout narratif, mais qui est parsemé par endroit d'analyses et de psychanalyses, du pourquoi et du comment, des conséquences de certaines actions. Les descriptions voire même le récit complet est féroce, d'une violence sourde qui s'insinue au fil des lignes, et qui ne fait que s'amplifier, jusqu'au moment de la libération. On a aussi des moments où la vie semble presque suivre son cours de manière normale, puis d'un coup surgit une scène inattendu, souvent reliée à Mengele par ailleurs, qui montre toute la cruauté ou bien l'humanité (qui l'eut crû) de certains nazis. 

Pour avoir lu et écouté un certain nombre de témoignage déjà, celui n'en est pas moins poignant qu'excessivement intéressant, puisqu'il dépeint les nazis de manière différente. On y rapporte des actions toutes plus déroutantes les unes que les autres, et je trouve que cela permet grandement de nuancer le portrait que l'on fait de toute cette période : on était à la fois gentil et méchant, étrange et normal, chacun faisait ses choix pour survivre, et pour dominer, le tout dans une moral propre au camp. On voit alors les gens de ces camps, peu importe qui ils étaient comme des gens ordinaires, capables de décisions aussi humaines qu'inhumaines parfois, selon les circonstances. Cela contribue d'ailleurs à bien appuyer sur le fait que la vie dans les camps ne suivait principalement aucune logique, la mort ou la vie était à portée de mains autant l'une que l'autre, mais le tout n'était relié qu'à un concours de circonstances. 

Contrairement à ce à quoi je m'attendais, l'écriture est très fluide et relativement abordable, la seule chose à laquelle il faut faire attention, c'est aux nombreux noms allemands qui ont été gardés dans le récit : en effet, au moment de l'internement, et donc de l'écriture, Eddy connaissait les noms allemands des objets, grades et autres mots spécifiques. Par exemple, il n'est jamais mentionné le nom de Mengele, puisque qu'Eddy de Wind ne le connaissait que sous le nom de Lagerartz. Cependant, il y a un petit glossaire à la fin, que je vous recommanderais d'ailleurs de lire une première fois au début, avant même de commencer le récit. 

Note : ★★★★★/5

Cette note ne signifie pas que j'ai apprécié ma lecture, puisqu'elle a été pénible étant donné les évènements qui y sont racontés, mais en revanche, c'est un récit très largement intéressant, et qui devrait, il me semble, être plus visible sur des communautés comme Bookstagram. Parce que la souffrance passée ne doit pas être oubliée, et pour que la mémoire reste aussi vive que possible. 

Avez-vous déjà lu ce témoignage ? Ou bien d'autres issus de cette période sombre de l'Histoire ? Si oui, lesquels ?